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Lacrimosa
Dies Iræ (Livre VI)

00:03
Scène 1 : Chambre de Tintagel
Reprise des évènements du Livre V. Arthur, cheveux et barbes très longs, est alité et paraît très faible suite à sa tentative de suicide. Il observe le Père Blaise qui est assis près du lit et manipule des tablettes.

Arthur : Dites, ça vous ennuie si on s’arrête, là ?
Père Blaise : Bah...
Arthur : J’en peux plus, j’ai les yeux qui se ferment tous seuls...
Père Blaise : Ah, moi je veux bien mais...
Arthur : Mais quoi ?
Père Blaise : Bah vous savez ce qu’on a dit... Il faut qu’on finisse sans plus tarder au cas où...
Arthur : Au cas où je meurs, c’est ça ?
Père Blaise ne répond pas, mais fait un mouvement de tête significatif. Arthur lève les yeux au ciel.
Arthur : En plus, je comprends pas. Qu’est-ce qu’il nous reste à faire, là ? Je vous ai pas déjà tout raconté ?
Père Blaise regardant son pupitre : Euh...
Arthur : Attendez. (Il compte sur ses doigts.) Rome, mon premier mariage, ma nomination en Bretagne... En plus les trois quarts des trucs vous étiez là, enfin, vous avez pas besoin de moi, si ?
Père Blaise : Oui oui oui, après y’a la... La fondation de Kaamelott, oui oui...
Arthur : Bah, à partir de la fondation de Kaamelott vous avez pas tout noté au fur et à mesure ?
Père Blaise : Ah si si si, si.
Arthur : Bon bah voilà.
Père Blaise : Non mais, non. En fait ce qu’il me faudrait maintenant, euh... C’est deux choses, y a deux choses. Euh... Tout d’abord, la première fois où vous avez retiré l’Épée du rocher quand vous étiez tout petit, et...
Arthur le coupant : Non mais ça je vous ai déjà dit, non, je me souviens pas.
Père Blaise : Non, mais pas grave... Et, la deuxième chose, c'est le voyage que vous avez fait à la recherche de votre descendance, jusqu’à... (Il s'arrête, pensant ne pas avoir besoin de compléter sa phrase.)
Arthur : Jusqu’à... ?
Père Blaise gêné : Jusqu’à votre tentative de suicide. (Il détourne le regard.)
Arthur ferme les yeux et entremêle ses doigts.
Père Blaise : Il va bien falloir qu’on l’évoque à un moment ou à un autre !
Arthur : Pourquoi ?
Père Blaise : Comment ça, pourquoi ?
Arthur : Bah oui, pourquoi ? Est-ce qu’on est bien sûrs que c’est une chose à transmettre aux générations futures, ça ? Est-ce qu’on pourrait pas tout simplement... Ne pas en parler ?
Père Blaise visiblement déçu : Ne pas en parler, ne pas en parler... Oui, on peut toujours, c’est sûr... Enfin bon, c’est quand même Lancelot, votre pire ennemi, qui vous a sauvé la vie au dernier moment alors qu’il était venu pour vous tuer ! C’est...
Arthur lève les yeux au ciel face au récit épique du Père Blaise.
Père Blaise honnête : Là, je vous parle franchement, vu le tas de conneries sans intérêt que je me suis farci du temps de Kaamelott, un coup comme votre suicide, ça me ferait mal de passer à côté.
Arthur résigné : Bon. Bah qu’est-ce que vous voulez savoir ?
Père Blaise hésitant : Euh... En fait ce qui vous a poussé à...
Arthur lève les yeux au ciel, réfléchissant apparemment tout haut : Ce qui m’a poussé à... Ce qui m’a poussé à... J’allais pas bien.
Père Blaise amèrement : Oui, merci, je m’en serais douté, mais euh... (Il l'encourage.) Vous pouvez pas développer un peu ?
Arthur articulant : J’ai les yeux qui se ferment tous seuls, je voudrais faire une pause.
Père Blaise : Oui mais... Moi, je vous force à rien, simplement... Les Druides ont dit que vous étiez en train de mourir d’anémie et que ça pouvait arriver à n’importe à quel moment...
Arthur a fermé les yeux et ne répond rien.
Père Blaise inquiet : Sire ? ... Sire ?!
Arthur sans ouvrir les yeux, d'un ton fatigué : Mmm, c’est bon, je dors, j’suis pas en train de mourir.
Père Blaise soupirant de soulagement : Bon, mais Sire...
Arthur toujours somnolant : Arrêtez de m’appeler Sire, laissez-moi dormir un quart d’heure, je vous promets que je meurs pas.
Le Père Blaise ne dit rien et le regarde d’un air triste avant de refermer ses tablettes. Il quitte la pièce.


03:11
Scène 2 : Même lieu, rêve.
Arthur dort les mains jointes sur le torse. Mevanwi lui apparaît en rêve, assise sur lui et penchée sur sa poitrine nue. Il a l'âge qu'il avait à son départ de Rome.

Mevanwi : Je vous aime pas comme ça.
Arthur : Comme ça comment ?
Mevanwi lui souriant : Sans barbe. Pour un roi, c'est vraiment pas joli.
Arthur : Bah oui, mais je suis le Roi de Rome, moi. Les rois à Rome, ils ont pas de barbe.
Mevanwi chuchotant : Et Hadrien il avait pas de barbe, peut-être ?
Arthur : Ouais, mais Hadrien ça a rien à voir il a construit un mur. 'Peut tout se permettre, un mur qui traverse le pays ! Moi j’ai pas construit de mur, je peux pas me permettre ces excentricités.
Mevanwi : Si vous avez pas construit de mur, vous avez fait quoi vous alors ?
Arthur réfléchissant : Pour Rome ?
Mevanwi : Ouais pour Rome.
Arthur : Je l'ai laissée tomber.
Mevanwi : Comme moi.
Arthur acquiesçant : Comme vous.
Mevanwi : J’ai froid.
Arthur : Ah bon.
Mevanwi s’allonge sur Arthur, puis Aconia se relève à sa place.
Aconia : J’ai trop froid. Si tu n’allumes pas un feu, je m’en vais.
Arthur : 'Fait moins froid en Macédoine ?
Aconia : Partout, il fait moins froid.
Arthur : Et le fait d’être avec moi, vous avez pas moins froid ?
Aconia : Tu l’as retrouvé le Graal ?
Arthur surpris : Le Graal ?
Aconia : Oui. Le Graal. Tu l’as retrouvé ?
Arthur : Non.
Aconia : Et ton alliance ? Tu l’as retrouvé ton alliance ?
Arthur dépité : Non plus.
Aconia : Non plus ?
Arthur : Mais maintenant, c'est trop tard je la retrouverai plus.


05:00
Scène 3 : Même lieu
Arthur s'éveille et sa tante Cryda est à son chevet.

Cryda : Ah ! Ça y est ? C'est bon ? Vous émergez ?
Arthur : J’ai dormi longtemps ?
Cryda riant nerveusement : Ah, on peut dire ça, oui. À point tel que votre mère vous a déclaré officiellement mort.
Arthur interdit : Quoi ?
Cryda : Eh bah oui ! Ça durait, ça durait... À la fin, on en a eu ras-le-bol, quoi. Mettez-vous à sa place.
Arthur : Ouais... Attendez, attendez, qu’est-ce que... vous entendez exactement par « déclaré officiellement mort » ?
Cryda : Elle a envoyé des messages à tout le monde pour leur dire de rappliquer... rapport à vos obsèques.
Arthur : D’accord. D’accord, d’accord. Et, très bien... Qu’est-ce qu’on fait du coup ? Je me zigouille, en essayant de pas me louper, pour être raccord au message ?
Cryda : Mais non, mais on s’en occupe, figurez-vous, on n’est pas encore complètement gâteuses... Quand les gens arrivent, on leur explique !
Arthur : Vous leur expliquez quoi, au juste ? Qu’il faut qu’ils reviennent plus tard ?
Cryda : Ah bah non quand même, y en a qui arrivent de très loin ! Non, on leur propose de venir vous rendre hommage, mais de votre vivant. Et du coup, ils s’y retrouvent hein, parce que par rapport aux obsèques, c'est quand même plus...
Arthur peu convaincu : Plus vivant ?
Cryda : Oui, voilà. Oui donc maintenant que vous avez les yeux ouverts... (Elle murmure dans sa barbe.) Et d’autant sait pas combien de temps ça va durer... (Elle continue plus fort, un peu gênée.) On va commencer à les faire rentrer. Alors attention... Y’a du con. Mais du bon con, vous voyez. (Elle rit.) Je sais même pas si j’en ai déjà vu autant d’un seul coup. Non, à part chez vous, bien sûr, à Kaamelott.
Arthur : Mais euh... Attendez parce que... Qu’est-ce que je leur dis, moi ?
Cryda : Ah non, non, c’est eux qui vont dire. Vous, c’est bonjour, bonsoir. Mais de toute façon vous étiez censé être mort, ils viennent pas là pour vous écouter !
Arthur lève les sourcils, peu convaincu : Ouais...
Cryda : Je les fais venir ?
Arthur : Oui oui oui oui...
Cryda essaie de siffler en direction de la porte, mais elle n'y arrive pas bien et personne n'entre en réponse. Elle se lève donc et quitte la pièce tandis qu'Arthur se rallonge.


07:11
Scène 4 : Même lieu, rêve
Arthur est réveillé, il a les bras croisés et observe avec méfiance sa demi-sœur Anna qui feuillette amèrement ses mémoires.

Anna : Il en manque.
Arthur : Pas tellement, non.
Anna : Pas tellement, mais il en manque. La fois où vous avez tué mon père, par exemple.(Elle agite doucement les tablettes.) C’est où ?
Arthur agacé : Mais c’est pas moi qui ai tué votre père, c’est mon père qui a tué votre père.
Anna : C’est un Pendragon, c’est pareil. De toute façon, vous faites tout comme lui.
Arthur : Je risque pas de tout faire comme lui, je l’ai jamais connu.
Anna agitant à nouveau les tablettes : Et la fois où vous avez retiré l’épée ? C’est où ?
Arthur : La première fois vous voulez di-
Anna le coupant : Oui, oui, oui, oui, la première fois.
Arthur : La première fois, je m’en souviens pas, j’étais trop petit.
Anna : À quatre ans, on se souvient.
Arthur : Eh bah moi je me souviens pas. Je me souviens d’autres trucs, mais l’épée je me souviens pas.
Elle ne répond rien et le regarde intensément.
Anna : Ça vous ferait plaisir de coucher avec votre demi-sœur ?
Arthur après une pause : Quoi ?
Anna : Coucher avec moi, ça vous ferait plaisir ?
Arthur : Mais on a pas le droit de faire ça.
Anna pouffant : Mais je vous demande pas si on a le droit, je vous demande si ça vous ferait plaisir.
Arthur levant les yeux pour réfléchir : Honnêtement, j'crois pas.
Anna : Pourtant vous y viendrez. Faites-moi confiance. Vous y viendrez.


08:45
Scène 5 : Même lieu
Arthur se réveille brusquement. Bohort est assis devant lui.

Bohort souriant : Vous avez fait un mauvais rêve, Sire. Vous parliez.
Arthur étonné : Je parlais ? Je disais quoi ?
Bohort : Vous disiez... « Je me souviens pas, je me souviens pas. »
Ygerne faisant irruption : Ça y est, c’est fini oui ?! Je vous rappelle qu’il y en a d’autres qui attendent !
Bohort : Mais j’ai même pas commencé !
Ygerne : Pas commencé ? Vous vous fichez de moi ?
Bohort : Mais il dormait ! Je vais pas présenter mes hommages à quelqu’un qui dort !
Ygerne : Vous continuez bien les présenter à quelqu’un qui est décédé ! Ça change pas grand-chose !
Arthur : Honnêtement mère, est-ce que vous croyez vraiment que ça vaut bien le coup ?
Ygerne : Que quoi vaut le coup ?
Arthur : J'suis pas encore mort... Est-ce que ça vaut bien le coup que... je me farcisse tous les hommages des gens, par ce que c'est quand même tout l’intérêt d’être mort. De pas être obligé de se taper les hommages.
Ygerne : Eh bah vous vous les taperez de votre vivant. Parce qu’il est hors de question que ces pignoufs campent dans mon couloir pendant tout le temps qui nous sépare de votre regrettée disparition ! (Elle hausse le ton.) Vous allez me faire un effort pour me déblayer tout ça, en un minimum de temps, à commencer par celui-là !
Elle sort en trombe de la pièce. Arthur et Bohort se regardent.
Bohort hésitant : Euh, j’y vais ?
Arthur : Où ça ?
Bohort : Je vous présente mes hommages ?
Arthur jetant sa main par-dessus son épaule en signe de désintérêt : Hein. Écoutez Bohort, vous croyez pas qu’on peut s’abstenir ?
Bohort : Vous pensez que vous n’allez pas mourir ?
Arthur : Bah, c'est-à-dire, oui, je vais bien finir par mourir à un moment ou à un autre mais...
Bohort inquiet : Il faudrait au moins que vous mangiez quelque chose de consistant ! Votre tante m’a dit que depuis l’accident, vous ne mangez presque rien. Comment voulez-vous vous rétablir avec tout le sang que vous avez perdu ?
Arthur : J’arrive pas à manger Bohort, ça passe pas. (Il se masse distraitement le ventre.)
Bohort : Les Druides de Tintagel disent que cette fois-ci c’en est trop pour votre constitution ! Que le corps va lâcher !
Arthur : Les Druides de Tintagel, hein... Honnêtement s’ils sont aussi doués que le nôtre...
Bohort : De toute façon, Sire, il n’y a pas besoin d’être Druide pour voir que si vous ne vous ressaisissez pas très vite...
Cryda entrant pour les interrompre à nouveau : Bon, dites-moi, là-dedans, comme vous avez pas tellement l’air de vouloir vous presser, on va commencer à faire passer les gens deux par deux, hein.
Merlin entrant et bousculant Cryda : C’est moi ! J’ai apporté des herbages pour vous rafistoler !
Ygerne : Et dans un second temps, si vraiment vous vous obstinez à lambiner, on vous collera sur le balcon ! Et vous vous adresserez à tout le monde en une seule fois, vu ?!
Elle sort. Merlin la regarde partir d’un air effrayé.
Bohort au Roi, déçu : J’ai même pas eu le temps de commencer mes hommages...
Merlin optimiste : Y a pas besoin d’hommages, je vous dis, puisque je vais vous le rafistoler !
Arthur : Ça fait vingt fois que vous essayez de me rafistoler, comme vous dites. Ça marche jamais.
Merlin accusateur : Ça marche jamais parce que vous avez pas envie, c’est tout !
Arthur : Pas envie de quoi ?
Merlin haussant le ton : Vous avez pas envie de récupérer ! Vous avez pas envie de refabriquer ce sang qui vous manque, combien de temps ça fait que vous vous êtes taillé les veines, six mois, un an ! Et vous êtes toujours blanc comme une fesse ! 'Faut pas exagérer !
Bohort avec un sourire timide : Merlin, ne vous emballez pas...
Merlin : Je m’emballe pas, ça m’énerve ! Il suffirait que vous vous donniez un bon coup de pied au fion et vous reprendriez du poil de la bête, mais non ! (Arthur a fermé les yeux.) Et voilà il s’endort maintenant !
Arthur : Non mais attendez, moi je peux pas tenir des conversations longues comme ça, j’ai les yeux qui se ferment tous seuls.
Merlin plaintif : Sire !
Bohort : Chut !
Merlin plus fort : Sire !
Bohort plus fort : Chut !
Merlin à Bohort, hurlant : Mais vous, chut !
Bohort foudroyant Merlin du regard : Chut !


11:43
Scène 6 : Même lieu
Arthur se réveille doucement. Cette fois, c'est Karadoc qui attendait son réveil.

Karadoc triomphal : Ah ! C’est pas dommage ! Allez, installez-vous comme il faut... (Il met en place une petite table sur le lit et pose les aliments un à un dessus.) Je vous ai emmené du pain... Et de la terrine de biche !
Arthur lassé : C’est gentil d’être passé Karadoc mais alors là...
Karadoc le coupant et agitant vivement son couteau pendant qu'il parle : Et attention, c’est pas du pâté pourrave fait à la va vite avec de la bidoche daubée ! Si je vous dis terrine de biche, ça veut dire terrine de biche estampillée Karadoc ! Une terrine comme ça, elle peut vous servir de référence pour toutes les terrines que vous allez bouffer dans votre vie, puisque finalement vous êtes pas mort !
Arthur : Oui, mais ce que je comprends pas, c’est que vous, vous croyiez que je l’étais, donc euh... Quand vous allez rendre vos hommages à un mort vous apportez de la terrine de biche, vous ?
Karadoc interloqué : Bah... J’ai pas réfléchi à la question, en fait. Je me suis dit... « Tu vas voir Arthur, te pointe pas les mains vides. » Alors après, mort ou pas mort, pff, j’ai pas fait attention.
Arthur : Bah c’est très gentil, Karadoc, merci beaucoup, seulement le truc, c’est que je mange pas.
Karadoc choqué : Vous mangez pas ?!
Arthur : Non.
Karadoc : C’est-à-dire?
Arthur : C’est-à-dire ce que je vous dis, je mange pas.
Karadoc continuant de couper son pain, mais ne comprenant pas : Vous mangez pas souvent ?
Arthur : Non, j'mange pas.
Karadoc : Vous mangez pas beaucoup ?
Arthur : Non, je mange pas.
Karadoc réfléchissant tout haut : « Je mange pas... »
Arthur : Manger ! Manger. Vous savez ce que ça veut dire manger ?
Karadoc : Bah oui.
Arthur : Bah alors manger... c’est l’inverse.
Karadoc secouant la tête : Non, je comprends pas, mais c’est pas grave. Je vous fais une tartine ?
Arthur : Non merci.
Karadoc il étale passionnément la terrine sur le pain : Et c’est parti ! Pendant que je vous tiens, je voulais vous parler d’un truc qui me turlupine. En fait, j’aurais voulu vous rendre le pouvoir. Ça me gonfle d’être Roi de Bretagne. En plus, y'a personne qui m’écoute, ils viennent même plus aux réunions de la Table Ronde... Ma femme, elle me demande des trucs, des machins... Sincèrement, autant au début, je trouvais qu’avoir la couronne, c’était marrant, autant maintenant, j’en ai vraiment plein l’oignon. Ça vous embête si je vous le rends ?
Arthur las : Bah, ma foi...
Karadoc : Bah, est-ce que c’est possible déjà ?
Arthur : Mais quoi, de me rendre le pouvoir ?
Karadoc : Bah oui.
Arthur : Bah pff, vous savez le pouvoir, vous en faites ce que vous voulez, hein, si vous voulez le rendre... Non le truc, c’est que j’ai plus Excalibur moi, donc je suis plus légitime sans elle.
Karadoc : Et moi non plus j’ai pas Excalibur.
Arthur : Non mais vous vous exercez une régence, ça a rien à voir.
Karadoc : Ouais, mais ça me gonfle, alors qu’est-ce qu’on fait ?
Arthur : Non non non non, mais rendez le pouvoir, rendez le pouvoir. On va pas vous obliger à diriger le Royaume si vous avez pas envie, non plus.
Karadoc : Ah bah très bien. Vous voyez ça me soulage. Du coup il faut que je vous signe un truc ?
Arthur : Ah parce que vous savez écrire, maintenant ?
Karadoc : Bah non, toujours pas.
Arthur : Bon bah voilà. On va dire que c’est une passation de pouvoir orale. C’est tout ce qu’il vous fallait ?
Karadoc : Ouais, pourquoi ?
Arthur fermant à nouveau les yeux : Parce que je m’endors, Karadoc, j’en peux plus. Allez, mon vieux, retournez dans votre Clan et amusez-vous bien.
Karadoc posant le couteau et la tartine : Merci, Sire.
Arthur machinalement : M’appelez pas Sire.
Karadoc : Ah bah si !
Arthur : Ah oui, oui oui, pardon.
(Le Roi s’endort. Karadoc l'observe, un peu dépassé et visiblement malheureux.)


14:43
Scène 7 : Même lieu
Arthur se réveille, il a l'air troublé. Guenièvre est surprise.

Guenièvre : Je me suis sauvée de la maison.
Arthur : Comment ?
Guenièvre plaintive : Quand j’ai appris que vous étiez mort, j’ai tellement pleuré, pleuré... J’ai supplié mon père de pouvoir venir vous voir, mais il m’a jamais laissée partir.
Arthur comprenant et se redressant : Vous vous êtes sauvée ?
Guenièvre : Oui, ça m’a pris un temps fou, j’ai payé des guides, j’ai pris une diligence, sauf que c’était pas la bonne, alors j’en ai pris une autre... Oh, qu’est-ce que c’est loin Tintagel, hein, c’est terriblement loin !
Arthur : Ah bah, c'est la Carmélide, surtout, qui est loin.
Guenièvre : Oui je sais... Mais si vous croyez que ça me fait plaisir d’être coincée là-haut...
Arthur : Ça fait longtemps que vous attendez ?
Guenièvre gênée : Normalement, je devais attendre avec les autres, mais je me suis pris le bec avec votre mère, alors... Je me suis mise à insulter les gens. (Elle ferme les yeux, très gênée.) Oh la la, je suis désolée, je crois que j’ai traité votre tante de grosse gouine. Je voulais pas. Je, je, je voulais pas, mais, quand j’ai compris que vous étiez encore vivant, j’étais tellement pressée de venir vous voir que... je les ai tous envoyés chier. (Elle redevient enjouée.) Alors du coup, bah, j’ai attendu là.
Arthur hésitant et montrant timidement les tablettes : Euh... Vous avez lu tout ça ?
Guenièvre : C’est... Vos mémoires, c’est ça ? (Elle secoue la tête.) Non j’ai pas lu. (Elle fait la moue.) J’avais peur de tomber sur des trucs...
Arthur la fixant : Des trucs qui vous concernent ?
Guenièvre : Bah non. Plutôt des trucs qui me concernent pas...
'Arthur baisse les épaules, elle l'observe en hésitant.
Guenièvre : ... Y'en a ?
Arthur : Des trucs qui vous concernent pas ? Je sais pas. Dans l’absolu tout devrait vous concerner, mais des trucs que vous avez jamais sus, oui y en a.
Guenièvre : Ah... Des gros trucs ?
Arthur avouant : Mon premier mariage, par exemple.
Guenièvre prenant le temps d'absorber le choc : Ah oui quand même... Là on est plutôt sur du gros truc, hein.
Arthur : Tout est dedans, à peu de choses près. Lisez-le quand même, quand je serai mort. Y'a rien de... Voilà, mais... C’est pas plus mal de savoir. Y'a probablement quelques machins que vous pourriez éclaircir.
Guenièvre : Et pourquoi vous me l’avez jamais dit ?
Arthur : Je sais pas. Je voulais pas vous faire de mal.
Guenièvre triste : Y'a pas un moyen que vous mourriez pas ?
Arthur,il fait claquer sa langue : D’après les Druides d’ici, non. J’arrive pas à refaire le sang qui me manque.
Guenièvre hochant la tête : Le sang qui vous manque, moi, je l'ai vu hein !
Arthur surpris : C’est-à-dire ?
Guenièvre : Le sang qui vous manque, je l'ai vu ! Je dors avec ma mère maintenant, en Carmélide, toutes les nuits. Parce qu’à chaque fois que je ferme les yeux, je vois tout le sang qui vous manque, par terre. Avec vos coupures au poignet et puis vos yeux vides... Alors, vous m’avez jamais avoué que vous vous étiez marié une première fois, hein, mais ça vous me l’avez laissé voir !
Arthur essayant de corriger, soupirant : Je vous l’ai laissé voir... J’ai rien laissé voir du tout, je me suis buté, quoi.
Guenièvre agacée : Si, si, si, si ! Y'en a d’autres, des moyens de se buter. Se jeter du haut d’une falaise par exemple, ça, ça emmerde personne ! Mais vous, c’est pas ça que vous avez fait. Vous vous êtes ouvert les veines dans un bain que j’avais moi-même fait couler.
Arthur hochant la tête : Peut-être...
Guenièvre : "Peut-être" quoi ?
Arthur : Peut-être. Que j’ai voulu vous empêcher de dormir. Vous et les autres. Peut-être que j’ai voulu empêcher tout le monde de fermer l’œil. Peut-être que j’ai voulu vous mettre la faute sur le dos.
Guenièvre au bord des larmes : Eh bah, c'est pas gentil.
Arthur se renfonçant dans les couvertures : Non. C’est pas gentil. (Il soupire.) C’est pas gentil... Mais bon, je le referai plus.
Elle le regarde douloureusement alors qu'il se rendort.


19:23
Scène 8 : Même lieu
Arthur ouvre à nouveau les yeux, c'est Lancelot qui attendait cette fois son réveil. Ce dernier le fixe.

Arthur hésitant : Euh... c’est un rêve, là ?
Cryda elle-même choquée : Non, non, c’est pas un rêve, on en a bien discuté avec votre maman, on a décidé de le laisser entrer.
Bohort qu'on entend dans le couloir : C’est une honte ! Imposer au Roi le visage de son tourmenteur !
Cryda à Bohort, criant : Il lui a sauvé la vie !
Bohort protestant depuis le couloir, se rapprochant : Mais il était venu pour la lui prendre !
Cryda : Oui bah finalement il l’a sauvé !
Bohort entrant finalement, poussant Cryda : Je vous dis qu’il vient pour le tuer ! Ça se voit dans ses yeux !
Cryda : Bon, alors c’est à Arthur de décider, voilà. S’il veut lui parler, il reste, s’il veut pas, je le ferai sortir par la garde !
Bohort rageur, fixant Lancelot : Est-ce qu’il a été fouillé au moins ? Bande d’inconscients !
Cryda peu assurée : Sûrement... Oui ! 'Fin... j’en sais rien...
Bohort choqué : Vous en savez rien ?!
Lancelot calmement : Je peux pas être venu pour le tuer, puisqu’il est censé être déjà mort.
Cryda : Bon, s’il y a un problème, vous appelez, on est juste derrière.
Bohort : Mais euh, qui est juste derrière ?
Cryda excédée : Eh bah vous, tiens, puisque vous êtes plein d’énergie, vous allez faire le pet devant la porte ! Allez !
Bohort lance un dernier regard sévère à Lancelot avant de sortir de la chambre. Cryda le suit. Arthur se redresse et les deux rivaux se regardent, mal à l’aise. Lancelot semble ému.
Arthur : Vous pouvez me passer une tablette de cire, je vous prie, avec un style ?
Lancelot attrape deux tablettes.
Arthur : Une vierge, s’il vous plaît.
Lancelot regarde parmi les tablettes et lui en passe finalement une.
Arthur soupirant : Merci... (Il se met à écrire, difficilement.)
Lancelot : Il parait qu’il faut pas trop vous fatiguer.
Arthur pouffant : Il parait, il parait... Il en paraît, des choses... Les Druides me donnent gagnant pour calancher dans les trois jours, et il faut pas que je me fatigue. 'Voyez, je croyais qu’on avait le Druide le plus con du continent, finalement je me demande si c’est pas une caractéristique inhérente à la fonction...
Lancelot baisse la tête en souriant légèrement.
Arthur écrivant toujours : Je vous écoute.
Lancelot perdu : Vous m’écoutez ?
Arthur : Bah ouais, vous étiez pas venu me présenter vos hommages ?
Lancelot : Mais, la nouvelle court partout que vous êtes mort. Que ceux qui vous ont côtoyé de plus ou moins près sont invités à vous rendre hommage à la Forteresse de Tintagel... (Il hausse les épaules.)
Arthur : Bah oui, bah du coup allez-y...
Lancelot : Bah c’est à dire que, vous êtes pas tellement mort...
Arthur soupirant : Non mais, faites ce que vous avez à faire Lancelot. Vraiment. Vous occupez pas de savoir si je suis mort ou pas mort. Moi, j’en ai marre, d’aller systématiquement contre vos idées, mon vieux. Vous savez ce qu’on va faire, aujourd’hui ? On va dire que je ne vais rien changer à vos plans, d’accord ?
Lancelot ne comprenant pas bien : Mais du coup... ?
Arthur : Présentez-moi vos hommages.
Lancelot gêné : Initialement, j’avais plutôt pensé à quelque chose d’intérieur...
Arthur : D’intérieur ?
Lancelot : Dans la tête, quoi, enfin, une espèce de... De recueillement.
Arthur continuant à écrire : Ah oui, bah allez-y.
Lancelot : Je, je, je me recueille ?
Arthur : Oui, oui, oui oui.
Lancelot, mal à l’aise, ferme les yeux et se plonge dans ses pensées. Pendant ce temps, Arthur continue de graver la tablette. Une fois qu'il a terminé d'écrire, il la tapote avec le style pour attirer l'attention du Chevalier.
Arthur : Vous avez fini ?
Lancelot : Bah, y a pas une fin bien définie...
Arthur lui tendant la tablette : Dans cette tablette, vous avez les pleins pouvoirs.
Lancelot surpris : Pardon ?
Arthur : La forteresse de Kaamelott, le Royaume de Logres, la Fédération Bretonne, la Table Ronde, la Quête du Graal... C’est vous qui êtes en charge maintenant.
Lancelot doucement : Je... Je comprends pas...
Arthur : Mais y a rien à comprendre. Vous voulez essayer ? Eh ben essayez. Voilà, c'est votre récompense pour m’avoir sauvé la vie : les pleins pouvoirs.
Lancelot : Comme ça, là ?
Arthur : Oui comme ça là. Je vous signale que vous devriez vous grouiller parce que je peux mourir d’une minute à l’autre, je vais la faire tomber.
Lancelot est stupéfait, mais tend la main pour attraper la tablette. Le silence s'installe et Arthur se renfonce dans son lit.
Arthur : Vous vous souvenez de l’époque où... Vous croyiez aux mêmes choses que moi ? Parce que moi je m’en souviens. Vous savez ce qu’on va faire, on va... On va faire comme si il s’était rien passé depuis, et vous allez faire ça.
Lancelot perdu : Je fais quoi ?
Arthur : Vous faites ça. Vous faites ce qu’on avait prévu. Vous êtes un grand Chef comme moi ?
Lancelot : Un grand Chef ?
Arthur : Lancelot, vous êtes un grand Chef ou pas ?
Lancelot soupirant : Je, je crois oui.
Arthur : Alors rappelez-vous toujours de ça. Les grands Chefs n’ont qu’un point commun : ils ne se battent que pour la dignité des faibles. (Il paraît épuisé et montre la porte d'un grand geste du bras.) Allez, foutez le camp.
Lancelot : Je sais pas quoi dire.
Arthur : Y'a rien à dire, maintenant. Y'a à faire. Faites les choses bien.
Lancelot se lève lentement sans rien ajouter, visiblement abasourdi. Il quitte la chambre alors qu'Arthur laisse retomber sa tête sur l'oreiller.


25:36
Scène 9 : Même lieu
Arthur est adossé au mur, visiblement fatigué. Il raconte un rêve à Perceval, qui se tait et se tient hors champ pour le moment.

Arthur : En ce moment, je m’endors tout le temps. Je peux rien y faire. Je fais des rêves. (Il fait une pause pour regarder son interlocuteur.) Je vais vous en raconter un. Je suis dans l’espace... avec un vieux. Je vous raconte pas ça au hasard, quand je me suis réveillé, j’ai tout de suite pensé à vous. L’espace... Ça a toujours été votre truc, ça, l’espace. (Il ajoute après un temps d'arrêt, réalisant :) Et les vieux, y en a toujours dans vos histoires, à vous. Bref, je flotte dans l’espace, avec les étoiles, tout... Et y a un vieux à côté. Alors je sais pas si c’est moi vieux, ou euh... Parce que les rêves, c'est toujours le bordel pour ça... Et le vieux me fait : « Vous êtes prêt à voir le Graal ? » Alors moi je réponds oui. Alors on se dirige vers une grande boule, mais en fait, c'est notre terre à nous. Sauf qu’au lieu d’être bien plate, elle est en boule quoi. Comme je disais, les rêves, c'est toujours le bordel. On descend, on descend, on atterrit sur un sentier, dans une forêt, sur le territoire du Seigneur Dagonet. Alors me demandez pas pourquoi... D’autant qu’il est même pas dans le rêve ce con-là mais... Je sais pas comment vous dire, je sais qu’on est chez Dagonet. Le vieux se retourne, il me fait... « J’espère que vous avez pas peur de la marche, parce que je vous préviens, c’est pas la porte à côté. » Bah, moi je lui réponds : « Je comprends pas pourquoi on a pas atterri directement plus près alors. » Il me répond pas, il part devant. Je le suis. Je le suis, je le suis, puis au bout d’un moment, je me dis... « merde, c’est le chemin de Kaamelott, ici. Oh ! » que je lui fais au vieux, « c’est pas le chemin de Kaamelott ça ? » « Si, pourquoi ? » « Comment pourquoi ? » que je lui fais ? « Bah le Graal il est pas à Kaamelott, quand même ! » « Si », il me fait. Alors je m’arrête. « Vous vous foutez de moi ? » Il se retourne, il me dit : « Vous voulez le voir le Graal ou vous voulez pas le voir ? Bon, alors bouclez-la et suivez ! » 'Pi, il repart. Bon... On arrive à Kaamelott. La baraque, vide. Pas un garde à l’entrée, pas un loufiat dans les couloirs, on passe devant la salle de la Table Ronde, pas de Table Ronde, la pièce vide. On continue, on continue, et on arrive devant la porte de ma salle de bain. « Voilà ! Ouvrez, c’est là-derrière. » J'lui fais : « Là-derrière ? Où ça, dans la salle de bain ? » « Ouais, dans la salle de bain. » Alors, je le regarde, j’essaie de voir s’il est pas beurré ou quoi, et puis il rentre. Là y'a la baignoire vide, enfin vide... Y'a de l’eau, mais y'a personne dedans. Y'a du sang partout, partout, partout, partout... Il me fait : « Voilà ! C’est le Graal ! » « Quoi, c’est le Graal, la salle de bain ? » « Non, pas la salle de bain, la baignoire ! » « La baignoire, c’est le Graal ? » « Ouais, c’est le récipient qui a reçu le sang du Christ. » Alors là dans le rêve, je lui mets une tarte au vieux. Mais la bonne tartine, hein, attention, avec la tête qui part de côté, les cheveux de travers, et tout. « Tu te paies ma gueule ?! » que je lui fais. Et puis là, mon vieux, c’est lui qui se retourne et qui revient, qui me fout une avoine. J’ai l’impression que le plafond me tombe sur la gueule, je me ressaisis, et il me dit... « Qu’est-ce que c’est que quelqu’un qui souffre, et qui fait couler son sang par terre pour que tout le monde soit coupable ? Tous les suicidés sont le Christ et toutes les baignoires sont le Graal. Et vous savez qu’on s’est toujours demandé s’il y avait pas une inscription gravée au fond du Graal ? Eh bah oui, y'en a une. Allez voir » qu’il me fait. Alors j’y vais, et au fond de la baignoire, y a marqué : « Vous m’avez bien cassé les couilles. » Et boum, je me réveille.
Perceval : C’est vraiment chouette comme rêve. Moi l’autre nuit, j'ai rêvé que Karadoc avait des pinces.
Arthur fronçant les sourcils : C’est-à-dire ?
Perceval : Comme un crabe.
Arthur : Ah. Et qu’est-ce qu’il faisait avec ses pinces ?
Perceval : Il me pinçait le ménisque.
Arthur se redressant : Le ménisque ?
Perceval : Comparés aux vôtres, ils sont pourris mes rêves ou pas ?
Arthur réfléchissant un moment, avant de se pencher franchement vers Perceval : Les rêves, ça se compare pas.
Arthur se rallonge. Perceval réajuste la couverture sur ses pieds.


33:02
Scène 10 : Sentier breton, rêve
Lancelot dans son habit blanc, quitte Tintagel en serrant la tablette contre lui. Il semble soudain sentir une présence derrière lui, il se retourne brusquement. Mais rien. Il se remet à marcher en se retournant régulièrement et se retrouve finalement nez à nez avec Méléagant. Il hurle de surprise.

Méléagant mielleux : Félicitations.
Lancelot : C’est impossible. Je croyais que vous m’aviez oublié.
Méléagant : Vous oublier ? Oh, comme c’est mal me connaître.
Lancelot narquois : Fichez-moi la paix. Je suis votre plus mauvais élève, et vous le savez très bien. J’ai sauvé Arthur, en utilisant la magie blanche, qu’est-ce que vous dites de ça ?
Méléagant : Ah bah j’en dis que vous êtes vraiment très futé.
Lancelot perdu : Très futé ?
Méléagant : Vous le sauvez, vous vous faites confier le pouvoir au lieu de le prendre par la force. Vous possédez même une petite tablette qui vous donne de la légitimité aux yeux des fidèles de votre prédécesseur, c’est vraiment très futé.
Lancelot regardant la tablette fermée dans sa main : Mais... Comment vous pouvez savoir...
Méléagant le coupant : Juste une petite question, vous comptez gouverner avec ses anciens collaborateurs ?
Lancelot : Je sais pas...
Méléagant rieur : Vous ne savez pas...
Lancelot : J’ai besoin d’y réfléchir.
Méléagant : Mais les augures sont clairs, mon ami. Vous avez une chance unique de trouver le Graal et d’apporter la Lumière sur la Terre, à condition de tout effacer.
Lancelot fronçant les sourcils : « Tout effacer » ?
Méléagant : Tout. La forteresse, les alliances politiques, la Table Ronde, et surtout les Chevaliers.
Lancelot agressif : Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que vous racontez ? Effacer tous les Chevaliers ?
Méléagant articulant : Table rase, Lancelot ! Table rase. Table rase...
L'image de Méléagant s'efface et Lancelot s'éveille dans le bois, réalisant qu'il est recroquevillé contre un tronc, la tablette sur le cœur. Il se relève, cherche Méléagant. L'homme en noir a disparu.


35:04
Scène 11 : Chambre de Tintagel
Venec est debout devant le lit où Arthur est endormi, l'air soucieux. Il soupire, avant de se décider à le secouer pour le réveiller.

Venec : Sire. Allez.
Arthur se réveillant en sursaut : Oh !... Qu’est-ce qui, qu’est-ce qui se passe, c’est un rêve ?
Venec le pressant : Non non c’est pas un rêve faut partir d’ici !
Arthur : Partir d’ici, mais pour quoi faire ?
Venec vivement : Parce que les hommes de Lancelot vont pas tarder à se pointer !
Arthur hébété : Les hommes de Lancelot ? Parce qu’il a des hommes Lancelot ?
Venec : 'Parait que vous lui avez officiellement refilé le pouvoir. C’est vrai ou il ment ?
Arthur : Euh non, c’est vrai.
Venec soupirant gravement : Ok, alors je vais vous la faire courte, tous les Chevaliers sont pourchassés, dans tout le pays !
Arthur : Quoi ?!
Venec : Ils font des barrages sur les routes, ils fouillent les maisons, ils foutent tout en l’air, faut partir tout de suite, là !
Arthur : Partir tout de suite, mais vous vous foutez de moi, je peux même pas me mettre debout !
Venec : Si vous vous mettez pas debout vous allez crever, ils peuvent arriver d’une minute à l’autre !
Arthur : Mais, ils vont pas rentrer de force à Tintagel, si ?
Venec : Ils vont se gêner, vous croyez peut-être que c’est les trois gardes de votre mère qui vont les arrêter ? (Il le presse.) Allez, levez-vous. Tous les Chevaliers sont en train de fuir, vous, c'est pareil !
Arthur : Mais ils fuient où ?
Venec : Mais où ils peuvent ! C’est la panique je vous dis, Lancelot est complètement dingue !
Arthur : Mais il en a tant que ça des hommes ?
Venec lui faisant encore une fois signe : De partout, des types en blanc, il en a envoyé aux quatre coins du pays pour buter les Chevaliers je vous dis ! Allez, levez-vous !
Arthur : Mais, mais je vais aller où moi ?
Venec : Quelque part où il viendra pas vous chercher.
Arthur : Mais il me retrouvera toujours, il connaît tous les endroits où je peux me cacher !
Venec : Écoutez la première chose, c’est d’arriver jusqu’à la plage. Là, j’ai un bateau et on traverse. Une fois sur le continent, on avisera.
Arthur : Non mais sur le continent aussi, il connaît tous les endroits où je peux me cacher... Chez Bohort, chez le Duc d’Aquitaine, chez Hoël...
Venec : Mon Dieu, qu’est-ce qu’on fait ? Si vous restez là, ils vont vous buter, c’est des cinglés ! Il faut que vous trouviez un endroit où il viendra pas vous chercher. Y'a bien un truc qu’il connaît pas de vous, non ?!
Arthur : Rome.
Venec : Quoi ?
Arthur : Rome. Rome, il y pensera pas.
Venec : Non mais voilà, c’est parfait ça ! Si on arrive au bateau sans se faire coincer, je vous emmène à Rome !
Arthur : Non mais Rome, Rome, mais je connais plus personne à Rome moi !
Venec : Au moins vous serez en sécurité !
Arthur : Non mais attendez, de toute façon, je vais probablement crever pendant le voyage, alors...
Venec : Vous crèverez en essayant de faire quelque chose, allez, accrochez-vous ! (Il lui tend la main.)
Arthur soupire, mais finit par la prendre, se redressant difficilement avec laide du bandit.
Arthur marquant un temps d’arrêt : Attendez, attendez... Il me faut un bandage.
Venec : Un quoi ?!
Arthur : Un bandage.
Venec : Pour quoi faire ?
Arthur : Pour cacher les plaies.
Venec : Les plaies ? De votre suicide ?
Arthur hoche la tête.
Venec : Mais on s’en fout de ça, je vous dis de vous grouiller !
Arthur criant : Non ! Je pars pas sans bandage !
Venec ne répond pas, surpris.
Arthur : Si on croise un gamin je veux pas qu’il tombe dessus. Je suis le Roi Arthur. Je me désespère pas. Jamais je perds courage. Je suis un exemple pour les enfants.
Venec défaisant le foulard autour de son cou : Ok, je vais vous trouver un bandage.
Arthur se laisse enfin tirer hors du lit.


37:51
Scène 12 : Plage bretonne
Arthur et Venec sont sur la plage où Arthur a débarqué de Rome la première fois. Le bandit aide le Roi à marcher jusqu'au bateau, trébuchant. Venec tire Arthur jusqu'au bateau, vérifiant régulièrement qu'ils ne sont pas suivis et réussit finalement à mettre les voiles.

38:36
Scène 13 : Au pied des murailles de Kaamelott
Lancelot sort du château, une torche à la main. Ses hommes en blanc le suivent en portant la Table Ronde. Ils la posent dans la forêt et Lancelot se tient en face en tenant sa flamme.

39:01
Scène 14 : Même lieu
Merlin et le Père Blaise portent des vêtements discrets et se cachent derrière des branches alors que des hommes en blancs passent en courant près d'eux. Ils se regardent, apeurés.

39:06
Scène 15 : Chemin en sous-bois
Gauvain est tenu par un homme en blanc, mais Bohort se jette sur l'homme pour le délivrer. Ils fuient alors que trois autres hommes de Lancelot se lancent à leur poursuite.

39:13
Scène 16 : Taverne.
Le tavernier et ses clients sont alignés, main sur la tête, pendant que la taverne est mise à sac par les hommes en blanc.

39:13
Scène 17 : Au pied des murailles de Kaamelott
Lancelot met le feu à la Table Ronde et la regarde brûler, ses hommes se tenant derrière lui.

39:49
Scène 18 : Rome
Arthur marche péniblement sur les pavés romains humides, il est habillé pauvrement et marche pieds nus. La foule de passants marchant dans la direction opposée l'ignore.

Kaamelott

40:05
Scène 19 : Villa Aconia
Arthur pousse faiblement la porte de la villa et entre dans le péristyle complètement à l'abandon, les feuilles jonchent le sol, car la nature a repris ses droits. Il observe les lieux, s'assurant d'être seul et trouve la robe rouge abandonnée par Aconia sur les tuiles. Faiblement, il monte pour l'attraper. Alors qu'il tend la main vers le tissu, le souvenir de la première fois où il a retiré l'épée lui revient.

40:57
Scène 20 : Rocher d'Excalibur
Arthur est enfant, il marche dans la neige en tenant la main de Merlin, son médaillon d'Ogma au cou. Merlin et lui regardent ensemble vers le pommeau de l'Épée. Le magicien porte l'enfant pour qu'il puisse la retirer. L'enfant brandit l'Épée.

41:20
Scène 21 : Villa Aconia et Rocher
Arthur tient la robe dans ses mains, se remémorant l'instant où Aconia l'a laissée tomber. Il est étendu sur le lit abandonné de la romaine. Il marche dans l'atrium alors que la pluie tombe par l'ouverture. Plusieurs jours s'écoule, on le voit soudain brandir un bâton de bois alors que s'intercalent des scènes d'Arthur enfant qui brandit Excalibur dans la neige.

42:24
Scène 22 : Villa Aconia
Arthur jeune se tient gravement debout dans le péristyle, la robe rouge dans les mains, et l'image se font avec celle d'Arthur vingt and plus tard, dans la même position. Un texte apparaît doucement. « Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros. »

42:46
Scène 23 : Rocher
Arthur enfant brandit fièrement l'Épée.

FIN
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