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Eunuques Et Chauds Lapins |
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Scène 1 : Salle à manger
Arthur et Perceval sont à table avec Narsès, le Général byzantin.Narsès : Bon allez, c'est pas le tout de bouffer là, mais si on faisait venir deux-trois gonzesses ?
Perceval : Sans moi. Après ce que j'ai bouffé, je me sens pas de gigoter.
Arthur étonné, à Narsès : Attendez, Seigneur Narsès… vous êtes pas… (plus bas) Vous êtes pas eunuque ?
Narsès gêné : Ben, si.
Un silence s'installe dans la pièce.
Perceval : Hé ben... Je sais pas ce que c'est mais ça a pas l'air marrant.

Scène 2 : Même lieu
Perceval : Vous êtes eunuque ? Tout à l'heure, vous avez dit que vous étiez perse !
Narsès : Mais quel rapport ?
Arthur : Non non, mais... (Il soupire.) Laissez tomber.
Narsès : Je suis un Eunuque perse.
Perceval : Mais qu'est-ce que ça veut dire « Eunuque » ?
Arthur : Rien.
Narsès : Comment « rien » ?
Arthur : Non mais si mais… (Il désigne Perceval.) Attendez, avec lui, il faut pas commencer à se lancer dans des explications…
Narsès à Perceval, d'un ton entendu : Bon. Vous connaissez le chapon.
Perceval : Ah ouais. C'est bon ça, ça a de la saveur.
Narsès : Ben moi, c'est pareil.
Perceval : Vous avez de la saveur ?
Narsès : Mais non !
Arthur : Non mais... Je vous ai dit… ! Moi ça fait des années que je lui explique plus rien.
Narsès gêné : Je suis castré. Comme le chapon.
Perceval fermant les yeux : Je crois que je vais gerber.
Scène 3 : Même lieu
Narsès après un rot sonore : Bon alors, on fait venir les poulettes, ou quoi ?
Perceval : Les poulettes, ça a un rapport avec le chapon ?
Narsès : Mais non ! Faites péter de la femme, là ! Qu'on finisse pas la soirée comme des pédales !
Arthur : Bon, alors attendez… Parce que déjà, les poulettes… Euh... Il suffit pas de les appeler par la fenêtre !
Perceval : Il doit bien y avoir deux-trois cagaudes à la taverne mais enfin, faut voir les engins…
Arthur : D'après ce qu'on m'a dit, ça vous empêche pas de taper dedans, d'habitude…
Perceval : Ben justement, j'en ai marre.
Arthur à Narsès : Bref, mettons que je trouve. Qu'est-ce que vous voulez en faire ?
Narsès : Bah, à votre avis, qu'est-ce que vous voulez que j'en fasse ?
Arthur : C'est que je vous demande. Qu'est-ce que vous voulez en faire ?
Narsès : Bah, vous me faites marcher ou quoi ? Je vais pas vous faire un dessin !
Arthur : Ah bah, j'avoue que ça m'aiderait parce que… j'arrive pas à me faire l'image là…
Narsès : Ah je vois ce que vous voulez dire. C'est parce que je peux pas…
Arthur : Bah oui. Quand même, dans ma tête, ça joue un peu…
Narsès : Ce que je fais, en général, je regarde les autres.
Arthur : Les autres ?
Narsès : Bah oui, les autres. Et ce soir, par exemple, c'est vous ! Bon, alors, elle est où cette taverne, là, qu'on aille un peu chercher les dames, là ?
Arthur : Euh... Non là ça, je crois que ça va pas être possible, ça.
Narsès : Mais allez ! Mais moi je repars en guerre demain contre les Wisigoths ! Il faut bien que je me divertisse !
Arthur : Bah non, justement. Il faut vous reposer, hein, pour être d'attaque demain ! Attendez, un Dux Bellorum légendaire comme vous, vous allez pas arriver sur le champ de bataille avec les yeux jusque-là, si ?
Perceval : C'est vrai que pour un type castré, on entend drôlement parler vous ! Il paraît que, comme Général, vous êtes un vrai chapon ! (Il se corrige.) Euh, un vrai champion !
Narsès : Ouais… C'est ce que me dit mon connard d'Empereur à Byzance… Justinien… Soi-disant que comme je peux pas avoir d'enfants, j'ai pas de descendance à assumer et du coup, je suis plus doué pour la guerre. Parce que moi ça me fait rien de mourir.
Perceval : Ah, parce qu'en plus, vous pouvez pas avoir d'enfants ?
Scène 4 : Même lieu
Narsès : Allez quoi ! (Il rote.) Un beau geste !
Arthur : Non, n'insistez pas, c'est non.
Narsès : Qu'est-ce que vous faites alors ? Vous allez vous coucher, alors ?
Arthur : C'est ça, on va tous se coucher.
Perceval : Même moi ?
Arthur : Surtout vous.
Narsès à Arthur : Bon, ce soir, vous dormez avec la Reine, ou avec une autre ?
Arthur : Heu… Avec une autre ce soir, pourquoi ?
Narsès : Il y a un trou, à la serrure ?
Arthur en colère : Ah non mais ça va bien maintenant ! Vous n'avez qu'à y aller tout seul, à la taverne ! Ça vous détendra !
Narsès : Tout seul, je peux rien faire !
Arthur : C'est triste mais c'est quand même pas de ma faute, à moi ! C'est pas moi qui vous ai castré, si ?
Narsès penaud : Non.
Arthur désignant Perceval : Bon. C'est pas lui ?
Perceval : Ah bah non !
Narsès : Si ce soir vous allez voir une maîtresse, je peux aller voir la Reine, moi ?
Arthur : Pour quoi faire ?
Narsès : Bah à votre avis… Pour discuter. J'ai pas sommeil.
Arthur : Vous êtes vraiment Eunuque, hein !
Narsès : Parole d'homme !
Arthur : Bon bah ouais, allez-y.
Narsès : Sympa.

Scène 5 : Couloirs de Kaamelott
Devant la chambre du Roi, Perceval et Arthur discutent.Perceval : Bizarre comme soirée, non ?
Arthur : Ça aurait pu être beaucoup plus bizarre, croyez-moi.
Perceval : Ah bon ?
Arthur : Vous auriez peut-être préféré que vous et moi, on fasse des saloperies avec les cagaudes de la taverne pendant que l'autre Général byzantin nous reluque ?
Perceval abasourdi : Oh la vache… J'avais pas compris ça, moi…
L'écran devient noir.
Arthur (voix off) : À force de jamais rien comprendre, un jour il va vous arriver des bricoles, à voir.