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Guenièvre Et L'Orage |
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Arthur et Guenièvre sont au lit alors que l'orage gronde. Arthur lit, et Guenièvre a l'air terriblement apeurée.
Arthur : Eh ben, vous en faites une tronche !
Guenièvre : Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Vous ne quittez pas votre parchemin des yeux !
Arthur : Ben on comprend pourquoi ! Quand je le quitte, regardez sur quoi je tombe…

Scène 2 : Même lieu
Guenièvre : Il se rapproche, hein.
Arthur : Qui ça qui se rapproche ?
Guenièvre : L'orage !
Arthur : L'orage ? Ben qu'est-ce que ça fout, ça ?
Guenièvre : Ça me fait peur ! Voilà ! J'ai peur de l'orage. Vous êtes content ?
Arthur : Peur de l'orage ? Mais pour quoi faire ?
Guenièvre : Oh mais ne soyez pas stupide ! J'ai peur parce que les Dieux sont en colère !
Arthur : Oh non mais ne racontez pas de conneries, je vous en prie ! Il a fait chaud hier, froid aujourd'hui : ça pète. C'est normal, ça.
Guenièvre : Et votre oncle Systennin qui est mort par la foudre ! Alors qu'il venait juste de passer devant un temple, comme par hasard !
Arthur : La foudre est tombée sur le temple et lui il s'est ramassé une pierre sur la tronche, c'est pas tout à fait pareil.
Guenièvre : Et qu'est ce que ça change !
Arthur : Ça change que je vois pas ce que les Dieux viennent foutre là-dedans.
Guenièvre : Avec la vie de dévoyé qu'il avait eue ! Il avait passé son temps à boire, il a été puni par la foudre !
Arthur : Si tous les sujets de Bretagne qui picolent se prennent un coup de tonnerre, il va y avoir une sacrée chute démographique, je vous le dis, moi !
Scène 3 : Même lieu
Guenièvre : J'ai peur, j'ai peur ! Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ?
Arthur : Et bah et moi ?
Guenièvre : Je suis désolée, j'ai été élevée comme ça ! La foudre, c'est la colère divine ! Point !
Arthur : Ah merci ! Bonjour l'éducation !
Guenièvre : Ça se rapproche encore… Je suis sûre que c'est pour moi !
Arthur : Mais pourquoi pour vous spécialement ? On doit être au moins soixante-dix, au château !
Guenièvre : Un pressentiment ! Je me suis mal conduite et voilà ce qui m'attend ! Brûlée vive par la foudre !
Arthur : Ah non mais, on rêve, là ! Mon oncle Systennin, encore je veux bien mais vous, vous picolez pas, que je sache !
Guenièvre : Il y a pas que la boisson qui est punie !
Arthur : Quoi d'autre ?
Guenièvre : Je ne sais pas moi… la trahison !
Arthur : Mais qui c'est que vous avez trahi ?
Guenièvre : Mais personne !
Arthur : Et bah alors, voilà, tout va bien !
Guenièvre : Il y a l'adultère !
Arthur : Vous m'avez trompé ?
Guenièvre : Moi, non.
Arthur : Comment « vous, non » ? Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
Guenièvre : Par exemple, en ce moment, vous êtes bien l'amant de le femme du Duc d'Armorique, non ?
Arthur : Non.
Guenièvre : Non ?
Arthur : Non, je suis désolé, je sais pas qui vous raconte ça mais c'est faux. Des maîtresses, j'en ai assez ici pour pas aller les chercher en Armorique !
Guenièvre : Oui enfin bref, avec vous ou pas, cette femme commet l'adultère.
Arthur s'énervant : Mais qu'est-ce que ça fait, ça ?
Guenièvre : Eh ben c'est de l'adultère, c'est tout !
Arthur : Alors les Dieux viendraient vous cramer vous parce que la Duchesse d'Armorique se tape la moitié de la Gaule depuis quinze ans ?
Guenièvre : J'ai peur, je vous dis ! Oh ! Je réfléchis pas !
Arthur : Ah bah, ça se voit !
Scène 4 : Même lieu
Guenièvre : Mon Dieu, c'est la fin !
Arthur : Ah non mais c'est pas possible ! Elle me foutra pas la paix !
Guenièvre : J'ai peur ! Faites quelque chose !
Arthur : Mais « faites quelque chose », vous me prenez pour un Druide ? Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse, moi ? Il y a de l'orage, il y a de l'orage !
Guenièvre : Alors si vous n'y pouvez rien, laissez-moi mourir tranquille !
Guenièvre se cache sous les couvertures.
Arthur invitant se femme dans ses bras : Venez.
Arthur : Bon allez, venez.
Guenièvre : Quoi ?
Arthur désignant le creu de son bras : Venez, là.
Guenièvre : Pour quoi faire ?
Arthur : Mais vous verrez bien pour quoi faire. Merde ! Venez !
Guenièvre se colle à Arthur.
Arthur : Voilà. Ça va pas mieux là ?
Guenièvre : Ben… si.
Arthur : Bon bah voilà. Respirez.
Guenièvre se calme.
Arthur : J'espère qu'il va pas y avoir trop d'orages, cette saison…

Un autre jour, Arthur et Guenièvre sont au lit. Arthur lit, mais Guenièvre entend un faible grondement de tonnerre.
Guenièvre : C'est pas de l'orage, ça ?
Arthur : Non.
Guenièvre : Bah si.
Arthur : Non, non, non, non, c'est… écoutez…
L'orage gronde de nouveau.
Arthur : Voyez ?
Guenièvre : Eh ben si !
Arthur : Non. C'est pas de l'orage, ça. Ça c'est du… du chose, mais c'est pas de l'orage. Voilà.
Guenièvre : Ah bon.
L'écran devient noir.
Arthur (voix off) : Ça va bien maintenant, hein…