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Le Banquet Des Chefs |
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Scène 1 : Chambre de Léodagan
Léodagan et Séli sont au lit.
Séli : Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire de banquet ? Il faut arrêter de faire des banquets à cinquante personnes tous les mois !
Léodagan : Non mais c’est pas pareil, là… C’est le banquet des Chefs de Clan…
Séli : Et alors ?
Léodagan : Ben, ils sont pas cinquante, ils sont deux mille.
Scène 2 : Salle de la Table Ronde.
Bohort et Arthur sont assis face à Léodagan et Venec. Ils mangent tout en discutant. Une jeune femme est assise au fond de la salle derrière Venec.
Bohort : Alors moi, j’avais pensé à agrémenter chaque table d’un grand bol de fruit de saison.
Léodagan lassé : Oh !
Bohort : Des noix, des raisins…
Arthur le coupant : Oui, oui, oui, Bohort, c’est très intéressant, d’accord, mais il faut pas perdre de vue que nous recevons les Chefs de Clan.
Bohort : Ben, qui nous dit que les Chefs de Clan n’aiment pas les fruits de saison ?
Léodagan : Mais c’est pas le problème d’aimer, Bohort ! Faites un effort !
Arthur : Venec, qu’est-ce que vous aviez prévu ? Autre chose que des fruits de saison, non ?
Venec : Ah, affirmatif ! De la viande, de la viande et de la viande. Cuite dans sa graisse.
Léodagan : Ah ! Voilà !
Bohort vexé : Forcément.
Arthur : Oh et puis alors, voilà, alors, éventuellement, pour ceux qui veulent, une ou deux corbeilles de fruits.
Venec : Oh bah si vous voulez du fruit, moi je vous mets du fruit. C’est pas pour ce que ça coûte ! (À Bohort.) Un genre de décoration, c’est ça ?
Bohort semble déçu.
Scène 3 : Même lieu
Venec : Ah, mais vous bilez pas pour la tortore ! Il y aura ce qu’il faut !
Léodagan : De toute façon, ils viennent pas que pour bouffer non plus, hein ! C’est un sommet politique.
Bohort : Ce qui n’empêche pas de bien recevoir.
Venec : Non, mais vous faites pas de cheveux là-dessus ! J’ai compté trois porcs par personne.
Bohort choqué : Trois porcs ?!
Venec : Attendez… Je les connais les Chefs de Clan ! Ceux qui débaroulent du bout de la Calédonie, là, vous avez pas vu les bestiaux. Je vous garantis qu’ils viennent pas pour manger des fruits de saison !
Léodagan : C’est pas faux, Bohort, trois porcs, c'est pas mal. Ça fait que ceux qui en mangent que deux peuvent en donner un à ceux qui en mangent quatre.
Venec : Non mais laissez faire, je connais les loustics. Par contre, là où je suis un peu ennuyé, c’est que j’ai plus bien de budget pour les gonzesses.
Léodagan : Ah ouais, c'est vrai qu’il y a ça aussi !
Venec : Donc du coup, moi, de mon côté, j'ai fait une sélection. (Il se retourne vers la femme et claque des doigts.) Tiens, viens voir, biquette.
Elle avance en se déhanchant. Arthur et Bohort se regardent, interloqués, tandis que la femme ouvre son décolleté.
Venec : Ah, tortille un peu du fion, pour le Roi Arthur.
Elle se met à danser lascivement.
Arthur gêné : Heu non, non, non ! Non, non, non, non c’est… Non, sans blague c’est… C’est pas la peine. Merci.
Venec : Attendez, faut que vous me disiez si ça colle, que je commande le reste. C’est un pote pirate qui me les ramène des îles d’Irlande ! Par contre, c’est des cagaudes, hein, faut pas leur demander de compter jusqu’à dix…
Arthur : Non, non, non, non mais j’y tiens pas, je vous assure.
Bohort très gêné : Je trouve ça d’une vulgarité sans précédent !
Léodagan : Sire… C’est vrai que je suis pas très friand non plus mais… Face aux Chefs de Clan, s'il y a pas de gonzesses heu…
Arthur : Et ben ?
Venec : Vous allez passer pour des…
Arthur : Pour des quoi ?
Léodagan : Et ben, pour des qu’on peut pas se permettre de passer pour. (Il se retourne et sourit à la jeune femme.)
Scène 4 : Même lieu
Bohort outré : C’est pas parce qu’on invite des porcs qu’on est obligé d’en être un soi-même !
Léodagan : Bohort, arrêtez de vous vexer sans arrêt comme une grosse dinde ! On vous dit que c’est politique !
Arthur : Non, non, non, non, non mais je suis assez d’accord, en fait. Chez nous les femmes sont pas traitées comme ça, c’est à eux de s’adapter !
Léodagan : Et beh bonne chance ! Quand je pense qu’on les invite pour les fédérer.
Venec : S'ils arrivent et qu’il y a pas de femmes, vous allez fédérer mes couilles.
Arthur : Et ben, je prends le risque ! J’aime pas l’image que ça donne de nous.
Venec : Quoi ? Mais qu’est-ce qu’elle a, l’image ? (Il fait se relever la fille.) Tiens, vas-y, biquette, active-toi les jambons, un peu, là ! (Il frappe dans ses mains pour donner le rythme et chantonne.) Non mais, attendez, parce que là, elle est toute seule, mais il faut s’imaginer que j’en fasse venir cinq douzaines. Eh, je vous garantis qu’avec soixante paires de miches, vous fédérez ce que vous voulez derrière.
Arthur fermement : Bon, j’ai pris ma décision. Non, c'est non, point final.
Bohort : Bravo, Sire !
Léodagan : Eh ben, c’est pas gagné !
Venec arrêtant la fille : Bon, ben, c’est bon. Arrête ! Arrête ! (Aux autres.) 'Sont vulgaires, ces Irlandaises !
Scène 5 : Même lieu
Bohort est assis à côté de la jeune femme qui plie un ruban. Il discute avec Venec.
Bohort : Moi je pensais à un bouquet de sept tulipes par table représentant les sept contrées et attachées avec un ruban de la couleur des armoiries du Clan.
Venec : Ouais… Pas mal. Moi, je pensais plutôt à ça... (Il sort une masse et la pose sur la table.) ... Vous voyez ? C’est harmonieux, 'pi c'est de la bonne ferraille, des chaines, c’est bien rouillé, ça fait barbare.
L'écran devient noir.
Venec (voix off) : Avec ces gros tarés de Chefs de Clan, ça fera ton sur ton.