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Le Fléau De Dieu |
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Scène 1 : Couloirs de Kaamelott
Arthur et Léodagan s'apprêtent à entrer dans la salle du Trône. Bohort les arrête.
Bohort paniqué : Je vous en conjure, Sire, n’entrez pas dans cette pièce !
Arthur : Bah, c’est la salle du Trône ! Il ferait beau voir que je puisse pas y rentrer !
Bohort terrorisé : Mais Attila vous y attend, Sire ! Attila ! Le Fléau de Dieu !
Léodagan : Ah c’est sûr que c’est pas Jo le Rigolo !
Bohort atterré : Jo le Rigolo ? Mais… On dit que là où il passe l’herbe ne repousse pas !
Arthur pas impressionné : Y'a pas d’herbe dans la salle du Trône. Allez.
Arthur rentre dans la salle. Léodagan le suit en haussant les épaules.

Scène 2 : Salle du Trône
Attila et son garde du corps se tiennent en face du trône où est assis Arthur, entouré par Bohort et Léodagan.
Attila : Je vais tout casser ici ! Moi ! Kaamelott, Kaamelott, il va rester un tas de cailloux... (Il tend son bras, le met parallèle au sol et fait un petit geste de gauche à droite.) ... Comme ça ! Je veux l’or ! Tout l’or ! Sinon c’est la guerre !
Bohort et Léodagan se penchent vers le Roi et tous les trois murmurent.
Bohort : Je vais chercher l’or, Sire ?
Léodagan : Quoi ?! Tout l’or de Kaamelott ? Non mais vous vous foutez de moi, non ?
Bohort : Mais quand Attila demande de l’or, on lui donne ! C’est pas le moment de jouer les pingres !
Arthur : Attendez, vous vous rendez compte de la somme que ça représente ?
Bohort : Mais peu importe ! J’ai pas envie de finir empalé au sommet d’une colline !
Léodagan : Non mais attendez… Vous faites semblant de négocier, tranquille… Pendant ce temps, moi, je fais celui qui va pisser par là-bas… Puis quand j’arrive à sa hauteur tac ! Je sors ma dague et je l’ouvre en deux par le bas.
Bohort : Vous serez écorché vif avant d’avoir eu le temps de lever la main ! Balançons-lui les caisses d’or et fichons le camp d’ici avant qu’il foute le feu !
Arthur : Ah non, non, non ! Personne ne s’en va !
Attila à haute voix : Alors ?
Ils se redressent.
Arthur à haute voix, et calmement : Alors désolé, on peut pas payer.
Attila se met à crier et son garde se met en position de combat.
Scène 3 : Même lieu
Arthur très calme : C’est pas tellement la peine de vous énerver hein ! Nous c’est pas tellement qu’on veut pas se soumettre… M'enfin si on vous donne tout notre or maintenant... Ben, nous, derrière, il nous reste plus qu’à fermer boutique.
Léodagan : Non et puis ça va bien ! On s’est battu pour le gagner, on le garde.
Bohort se penche pour murmurer à Arthur, vite suivi par Léodagan.
Bohort : Mais qu’est-ce que vous parlez d’or ? Vous voyez pas qu'on est à deux doigts de se faire pulvériser !
Attila : Je te mettrai à genoux, Arthur de Bretagne !
Arthur : À genoux, pas à genoux, c'est une chose… Enfin en attendant je vous donne pas tout mon or.
Attila : Pourquoi pas ?
Léodagan sur le ton de l'évidence : Parce que c’est le nôtre !
Arthur : Déjà, oui. Et puis non, on n’est pas contre mais on a un fonctionnement nous ici. Rien que sur le site, là, entre le château et les fermes, y doit y avoir au moins cent cinquante larbins !
Léodagan : Ouais, vous pouvez pas comprendre vous ! Vous passez votre vie à cheval ! Un feu de bois, un lapin de garenne et puis ça repart ! Nous autres sédentaires… Bon alors, ça a de la gueule parce qu’on vit dans de la pierre… Seulement voilà, ça coûte du pognon !
Bohort apeuré : On est cuits… Il va raser la Bretagne…
Attila : La moitié de l’or, tout de suite, ou tout va brûler !
Bohort soulagé, murmure : La moitié de l’or ? Mais c’est inespéré ! Sautez sur l’occasion, Sire, avant qu’il ne change d’avis !
Léodagan murmure : Attendez c’est pas de la mauvaise volonté… Mais… La moitié ça fait quand même une sacrée somme !
Arthur à haute voix : Attendez, mais moi, c’est pas que je veux pas trouver un terrain d’entente, si vous voulez, m'enfin… Si la moitié des réserves se foutent le camp maintenant… Nous, derrière, on tient pas le coup.
Attila : Pourquoi pas ?
Léodagan commence à s’énerver : Mais parce qu’on a des frais ! Vous pouvez pas vous rentrer ça dans le crâne ?
Arthur : Ou alors il faudrait demander un soutien à Rome ! M'enfin… Rome en ce moment…
Léodagan : Ah ouais, eh, c’est pas Byzance…
Arthur : Byzance, oui, y a du pognon. Enfin… Je les connais pas les mecs moi…
Attila : Alors les femmes !
Léodagan : Les femmes ? Quoi les femmes ?
Attila : Donnez-nous les femmes !
Léodagan et Arthur se regardent.
Arthur : Ben heu… pfff... (Il regarde Bohort.) 'Faut voir… Ça dépend lesquelles, quoi…
Attila : Toutes les femmes !
Arthur : Ah non. Non, toutes les femmes non.
Attila se remet à crier et son garde se met de nouveau en position de combat, alors que Léodagan, Arthur et Bohort se collent à leur siège, les yeux écarquillés.
Scène 4 : Même lieu
Attila : La nourriture !
Léodagan : La nourriture… Et qu’est-ce qu’on bouffe nous derrière ?
Arthur : Non. La nourriture non.
Attila : Les couverts.
Arthur : Non, les couverts, c'est pareil, c’est pas possible.
Attila : Le linge de maison !
Léodagan : Le linge de maison ?
Attila : Ah allez ! Les draps, les serviettes, tout ça, c’est pour nous !
Bohort murmure : Sire, on va pas lui donner le linge de mes hôtes ! Des étoffes ouvragées aux motifs celtiques d’une qualité exceptionnelle !
Arthur le fait taire d’un signe de main : Non, le linge de maison non. On le garde.
Attila : Quelque chose de typique.
Léodagan : Quelque chose de typique ?
Arthur : Quoi comme chose de typique ?
Attila : N’importe quoi qui est typique. Sinon, on casse tout ! (Son garde approuve de la tête.)
Arthur et Léodagan réfléchissent.
Arthur : Typique, typique… Non, moi je suis désolé, je vois pas ce qu’on peut vous donner.
Attila se remet à crier et son garde se met de nouveau en position de combat.
Arthur embarrassé : Oui, non mais d’accord, mais…

Scène 5 : Même lieu
Attila et son garde ont tous les deux un bout de viande, Attila montrant le sien planté au bout de son couteau.
Attila : C’est typique ?
Arthur : Ah ben là y’a pas plus typique ! C'est de la viande de cerf mijotée dans le miel…
Bohort : C’est le plat breton typique.
Léodagan : C’est meilleur chaud. Seulement là aux cuisines, ils sont sur le repas du soir, ils ont pas trop le temps.
Attila regarde son garde.
Attila exulte : VICTOIRE ! (en même temps Le garde du corps d'Attila exulte : Ahhhh !)
Dans leur joie, ils renversent le contenu du bol et la viande tombe sur le sol. L'écran devient noir.
Attila (voix off) : Excusez-moi, je fais le saleté !