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Le Garde Du Corps |
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Scène 1 : Salle de la Table Ronde
Arthur, Lancelot et Bohort sont assis à la table.
Arthur : Donc c’est sûr, ils acceptent.
Lancelot : Le messager est formel. Ils arrivent à Kaamelott pour signer le traité de paix.
Bohort : C’est magnifique, Sire ! La signature d’un traité de paix c’est la plus belle chose qui soit !
Il embrasse le roi sur la joue sous les yeux médusés de Lancelot. Arthur semble choqué.
Bohort s’éloignant doucement d’Arthur : Ex… Excusez-moi, c’est la joie…
Arthur visiblement mal à l'aise et agacé : Allez-y mollo avec la joie !

Scène 2 : Même lieu
Lancelot est toujours face au roi et à Bohort, mais il y a désormais Grüdü assis à côté de lui.
Arthur : Vous êtes sûr que c’est obligé le coup du garde du corps ? Parce que franchement, je suis assez grand pour me protéger tout seul !
Lancelot : Je suis désolé, mais ça fait partie des conditions.
Bohort : C’est normal. Imaginez qu’il vous arrive quelque chose avant la signature du traité !
Lancelot : Non et puis deux jours, c'est pas tellement long ! Non, en plus pour votre protection, je vous ai désigné un gars formidable !
Arthur : Non mais j’en doute pas ! (Il parle au garde.) C’est pas contre vous, c’est simplement le principe d’être collé par quelqu’un non-stop pendant deux jours.
Bohort : Et oui ! Jours et nuits !
Arthur atterré : Jours et nuits ?
Bohort : Ça fait partie des conditions.
Lancelot : Non, non, ne vous inquiétez pas. Grüdü est un garçon très discret.
Grüdü : Au bout d’un moment, vous saurez même pas que je suis là.
Lancelot : Et puis avec lui, je suis tranquille ! C’est une force de la nature. Entraîné à tuer, il a grandi sur la banquise viking, il a été élevé par des ours polaires… Ah, bon, alors par contre… Si vous sentez qu’il s’énerve un peu, vous lui sortez un morceau de viande-
Grüdü se jette sur le morceau sorti par Lancelot sans lui laisser le temps de finir, mordant sa main au passage. Arthur et Bohort semblent inquiets.
Lancelot : Aaaah… Tu… Tu lâches !
Lancelot fouette Grüdü pour lui faire lâcher, Arthur a un mouvement de recul. Lancelot regarde ses camarades d'un air mécontent.
Scène 3 : Chambre de Demetra
C'est la nuit, Arthur est au lit avec Demetra, mais aussi Grüdü assis près du lit.
Arthur légèrement énervé : Non mais c’est débile cette histoire !
Grüdü : J’ai pas le droit de vous laisser.
Demetra : Mais quand même ! Avec ses maîtresses, il a bien le droit à un peu d’intimité ?
Grüdü : Ni avec ses maîtresses, ni avec sa femme. J’ai pas le droit de le laisser.
Demetra : Au moins allez vous mettre dans le coin de la pièce !
Grüdü : J’ai pas le droit de m’éloigner.
Demetra renfrognée : Mais regardez ailleurs, alors ! Parce que là ça va pas être facile !
Grüdü : J’ai pas le droit de le quitter des yeux.
Demetra : Bon… Qu’est-ce qu’on fait alors ? On le fait quand même ?
Arthur énervé : Non mais sûrement pas ! Non mais ça va bien, oui ?
Demetra : Écoutez… (Elle se rapproche de plus en plus d’Arthur.) Ça fait deux semaines qu’on s’est pas v-
Grüdü se lève brusquement pour approcher son couteau de la maîtresse.
Grüdü : Recule ! Recule ! Ou je te sors les boyaux !
Demetra apeurée : Mais qu’est-ce qui vous prend ?!
Grüdü en se rasseyant lentement, la foudroyant du regard : Personne n'a le droit de le toucher.
Arthur toujours aussi énervé : Non mais soyez pas con ! Vous croyez peut-être qu’elle veut m’assassiner !
Demetra : La vache, la trouille !
Grüdü : Personne n’a le droit de vous toucher.
Arthur de plus en plus énervé : Et si quelqu’un me serre la main ? Ou me passe un morceau de pain à table ?
Grüdü : Je lui démonte sa face.
Arthur plus calme : Ah non mais vous êtes pas bien ! (Il se remet subitement encore plus en colère.) Alors si je comprends bien, il va falloir que je fasse attention pendant deux jours à ce que personne me frôle dans les couloirs ?
Grüdü : Mais personne vous frôlera parce que je lui aurai pété sa tête avant.
Arthur hurlant : Et ma femme ? La Reine ?
Grüdü : Avec tout le respect que je dois à une personne royale, Sire... Si la Reine essaie de vous toucher, je lui bousille sa gueule.
Demetra : Ce serait bête. Du coup, vous seriez obligé de choisir une autre reine.
Scène 4 : Même lieu
Demetra : Et dès que vous aurez signé le traité, il vous protègera plus ?
Arthur : Non… Là, il me lâche pas, mais dans deux jours, je peux bien crever il en aura plus rien à foutre.
Grüdü : Quand même 'faut pas exagérer !
Arthur : Mais quoi ? C’est vrai ou c’est pas vrai ?
Grüdü s'appuyant sur le lit pour se pencher vers Arthur : Mais attendez, l’affectif ça joue aussi… À force d’être ensemble, des liens se créent. C’est obligé.
Arthur incrédule : Des liens se créent ? (À Demetra.) Mais qu’est-ce qu'il me raconte ? (De nouveau au garde.) Vous me filez le train depuis deux heures de l’après-midi !
Grüdü : Ouais, mais je vous apprécie vachement. Je trouve que vous avez beaucoup de noblesse.
Arthur interroge sa maîtresse du regard.
Grüdü : Vous exercez votre pouvoir avec humilité et grandeur. Et c’est vraiment beau à voir.
Arthur : Bon ben si vous m’aimez bien, vous pouvez pas me faire une fleur ?
Grüdü : Si, ce que vous voulez.
Arthur : Vous pouvez pas quitter la pièce une petite demi-heure ?
Grüdü : J’ai pas le droit de vous laisser.
Arthur s’emparant de la dague de Grüdü : Attendez, je vais vous prendre ça deux secondes… (Il se la met soudain sous la gorge.) Ah ! Et là qu’est-ce qui se passe ? Eh oui, je me menace… Il faudrait me buter, mais vous avez pas le droit de me toucher. Ah…?!
Grüdü commence à pousser des grognements, il a l'air de plus en plus perturbé et semble dysfonctionner.
Arthur déchantant rapidement et éloignant la dague : Non, non, ça va ! Calmez-vous ! Calmez-vous, c’était pour déconner ! Ça va ! C’était une connerie ! Oh ! Ça va ! Tiens ! (Il se dépêche de soulever un coin de la couverture pour en sortir un morceau de viande.) Un morceau de viande, un morceau de viande ! Un morceau de viande ! Un morceau de viande...
Grüdü se jette dessus et le mâchonne, l'air plus calme. Arthur soupire, désespéré.
Arthur : Putain ça va être long deux jours !

Scène 5 : Chambre d'Arthur
Arthur est au lit, avec Guenièvre cette fois.
Guenièvre se rapprochant d'Arthur : Si vous laissiez tomber la lecture pour un petit moment ?
Grüdü réagit au quart de tour, se lève et pointe son couteau vers la reine.
Grüdü : Recule ! Recule ! Ou je te crève les yeux !
Arthur plutôt satisfait : Ouais… Non. J’ai pas le droit, parce qu’il y a le traité de paix, tout ça… Alors je suis… Je suis désolé…
Arthur récompense Grüdü en lui lançant un morceau de viande, que ce dernier attrape et mange avidement. L'écran devient noir.
Arthur (voix off) : En fait, c'est pas désagréable de se sentir protégé !