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Les Clandestins |
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Scène 1 : Couloirs de Kaamelott
Lancelot croise Bohort qui porte un seau.
Lancelot : Qu'est-ce que vous avez là, Seigneur Bohort ?
Bohort : Ce sont des prunes que j'ai mis à glacer sur le rebord de la fenêtre hier soir. Vous en voulez une ?
Lancelot : Oui, merci. (Il se sert.) Je la mangerai pendant que je me creuse la tête pour trouver une solution aux guerres des Clans et aux invasions saxonnes.
Bohort : Très bien. Allez, courage ! (Il s'en va.)
Lancelot jette la prune et s'en va.

Scène 2 : Taverne
Arthur, Léodagan, Perceval et Karadoc, transis de froid, se sont réfugiés dans la taverne. Ils portent leurs capuchons pour ne pas être reconnus.
Perceval : On est quand même mieux là !
Arthur : La ferme !
Karadoc : Sire, on pouvait pas rester dehors avec cette température !
Léodagan : Pour une fois, ils ont raison… C'était un coup à y rester !
Arthur : Maintenant on est au chaud alors vous la fermez ! J'ai pas envie qu'on nous reconnaisse !
Perceval : Ouais mais nous on est connus ici, on vient tout le temps !
Arthur : Je ne veux pas qu'on sache que le Roi Arthur et ses Chevaliers de la Table Ronde se pintent la gueule à la taverne du coin ! Alors cachez vos visages et bouclez-la ! On attend que la neige s'arrête et on repart !
Le Tavernier arrive.
Le Tavernier : Ces messieurs… Qu'est-ce qui leur ferait plaisir ?
Arthur : Quatre laits de chèvre.
Léodagan : Oh… Quand même.
Le Tavernier : Hé dites donc, pourquoi ils gardent les manteaux, les voyageurs ? Ils ont froid ?
Perceval : On peut pas montrer nos visages parce qu'on a la lèpre.
Arthur et Léodagan se regardent. Karadoc lève le pouce discrètement.
Scène 3 : Même lieu
Arthur : Mais qu'est-ce que vous avez à soupirer sans arrêt, beau-père ? Vous allez nous faire repérer !
Léodagan : J'aime pas le lait.
Karadoc : Moi non plus.
Perceval : Moi non plus.
Arthur : La barbe !
Léodagan : Puisqu'on se cache de toute façon, on peut bien boire ce qu'on veut !
Arthur : On va pas passer commande sur commande pendant toute la soirée ! Je veux pas qu'on se fasse remarquer ! Déjà qu'il a fallu expliquer pendant une heure qu'on était pas lépreux !
Léodagan : Bon bah on passe commande une fois pour toutes et c'est bon.
Karadoc : Je commande, alors…
Arthur : Non, pas vous !
Karadoc : Pourquoi ?
Arthur : Parce que... Il connaît votre voix, il va faire le rapprochement… Ni vous, ni Perceval. Léodagan, vous avez jamais foutu les pieds ici ?
Léodagan : Non.
Arthur : Alors commandez, vous. Mais vite !
Léodagan : Dites, s'il connaît pas ma voix, il connaît pas ma gueule, non plus. Alors je vois pas pourquoi je continuerais à me planquer comme un repris de justice. (Il ôte son capuchon.)
Arthur : Qu'est-ce que vous faites ?!
Léodagan au Tavernier : Patron ! Quatre hydromels, une miche de pain et un fromage de brebis !
Le Tavernier de loin : Ça marche !
Léodagan à Arthur : Voyez ? Il m'a pas reconnu.
Arthur : Mais de quoi on a l'air, nous autre maintenant avec nos capuches ?
Léodagan : Ben enlevez-les !
Arthur : Non ! Les Chevaliers au bistrot, c'est le déshonneur !
Perceval : Ben, nous, on fréquente l'établissement depuis l'âge de quinze ans… Ça fait un bail qu'on est déshonorés !
Karadoc : Du coup, un peu plus, un peu moins…
Scène 4 : Même lieu
Léodagan, Karadoc et Perceval ont enlevé leur capuche. Seul Arthur persiste encore à se masquer le visage. Le Tavernier arrive.
Le Tavernier : Et voilà ! La collation maison. Attention ! (Il pose la collation sur la table.)
Karadoc : Merci, patron.
Le Tavernier à Karadoc et Perceval : Mais je vous avais pas reconnu, tout à l'heure. Qu'est-ce qu'il a le copain ?
Léodagan : Il boude.
Le Tavernier : Et pourquoi qu'il boude ?
Arthur à Léodagan : Ah bravo ! (Au Tavernier.) Non, non, c'est rien. Je suis pas dans mon assiette, mais ça va passer.
Le Tavernier : Il veut un autre lait ?
Arthur : Non merci.
Le Tavernier : Des fois, une infusion, pour vous détendre ?
Arthur : Non non, bien vrai.
Le Tavernier : Un grog ?
Arthur : Non.
Le Tavernier : Parce que s'il veut du chaud, je peux lui brasser trois œufs dans une poêle…
Arthur : Non !
Perceval : Enlevez votre capuchon si ça va pas. Vous serez plus à l'aise…

Scène 5 : Même lieu
Arthur s'est décidé à révéler son visage.
Léodagan : Bah vous voyez, finalement, il vous reconnaît pas non plus.
Arthur : Ou alors, il m'a très bien reconnu et il ose rien dire… Et dès qu'on sera sortis, il lancera la rumeur !
Léodagan : Mais vous faites pas de souci…
Le Tavernier arrivant : Est-ce qu'il leur faut autre chose, aux voyageurs ?
Arthur : Non, merci.
Perceval : Sire… Ça vous embête si je reprends une part de fromage ?
Le Tavernier : Mais pourquoi qu'il vous appelle Sire ?
Arthur est dépité.
Arthur : Non non non non, il m'appelle pas Sire, il m'appelle Sir... Il m'appelle Cyril.
L'écran devient noir.
Arthur (voix off) : Je m'appelle Cyril, c'est mon prénom.